Au Canada, une personne sur cinq vit avec un handicap. Et 70 % d’entre elles doivent composer avec un handicap invisible, a rappelé Jian Wang, directrice adjointe du Centre de recherche pour l’inclusion des personnes en situation de handicap (CRISPESH). D’où l’importance de rendre plus inclusive la formation, un angle à ne pas négliger.

S’assurer que les textes soient simples, penser aux sous-titres, proposer une diversité d’activités d’apprentissage, miser sur le langage inclusif, vérifier que les formations en ligne soient accessibles aux logiciels pour personnes malvoyantes : il existe différentes façons d’adapter les contenus pour répondre aux spécificités de tous, tout en reflétant la diversité des réalités.

Or, surtout dans des formations en ligne et asynchrones, appliquer les principes de la conception universelle de l’apprentissage et de l’inclusion ne s’improvise pas, a rappelé Mylène Bourassa, conseillère en formation à l’Université Laval. « C’est important d’y réfléchir dès la première étape, car si on part dans la mauvaise direction, il est ensuite difficile de revenir en arrière. » Selon elle, il faut prévoir jusqu’à 15 % de plus de temps pour penser accessibilité, parfois plus lors des premiers essais.

La conseillère souligne aussi l’importance de se former pour bien comprendre ce mode de livraison. Tester certaines portions du produit pour s’assurer que cela réponde bien aux besoins, sensibiliser tous les membres de l’équipe à ces enjeux et être à l’affût des technologies font aussi partie des meilleures pratiques, selon elle. « Dans certains cas, il faut aussi adopter certaines stratégies hybrides. Par exemple, quand nous avons préparé une formation sur l’équité, la diversité et l’inclusion, nous avions aussi prévu du contenu en présentiel parce que ce genre de sujets peut déstabiliser. »

Pour sa part, Héloïse Côté, chargée de cours à l’Université Laval applique aussi ces principes, mais directement en classe. « Pour s’adapter, il faut se coller aux besoins des étudiants, se demander qui sera le public cible et se montrer ouvert, accommodant. » Par exemple, il est possible d’offrir le choix du mode d’évaluation aux élèves, tout cela en maintenant des attentes élevées. Autre exemple, la durée de ces évaluations. « Pourquoi est-ce que les examens doivent durer trois heures ? Le fait de raccourcir l’évaluation, tout en laissant quand même le temps maximum, peut être bénéfique non seulement aux personnes qui auraient un déficit d’attention, par exemple, mais aussi pour les élèves qui auraient mal dormi. » Autrement dit, même s’ils ciblent certaines personnes en particulier, ces accommodements peuvent être utiles à tous.

Cela dit, les ressources financières pour offrir cette accessibilité manquent souvent, constate Jian Wang, ce qui en ralentit l’adoption. « Or, si à la base les formations sont déjà accessibles et inclusives, il ne restera qu’un tout petit pourcentage d’élèves à accommoder, ce qui coûtera moins cher », fait-elle valoir.
Il faut aussi passer outre ses propres biais inconscients et remettre en question ses façons de faire. Bref, la sensibilisation, la formation et l’accompagnement sont essentiels pour continuer d’avancer sur cette voie, résume-t-elle.