La reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) s’avère un outil précieux pour augmenter l’agilité et rendre plus la formation accessible. Si l’utilisation de ce processus à l’échelle universitaire soulève quelques enjeux, plusieurs avancés sont à surveiller, ont expliqué les participants à cet atelier animé par Rachel Bélisle, professeure associée à la faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke.

« 61 % des Autochtones ne terminent jamais leurs études secondaires », a souligné Carmen Sicilia, directrice des relations avec les Autochtones de l’Université McGill. Et rares sont les personnes noires qui se rendent jusqu’aux études supérieures, a-t-elle aussi rappelé. La reconnaissance des acquis fait partie des outils pour éliminer ces barrières, alors que cette institution s’est engagée à augmenter le nombre de personnes noires et autochtones en ses rangs en 2017, puis en 2020.

L’université a donc lancé un projet-pilote qui a permis de dresser un état des lieux de la RAC non seulement au Québec, mais aussi dans le reste du pays et à l’international. L’équipe a aussi répertorié les logiciels ainsi que les passerelles existantes. Trois programmes ont été ensuite utilisés comme exemple pour ce premier test dans des domaines comme l’administration publique, où on retrouve plusieurs Autochtones, l’informatique, secteur qui compte plusieurs travailleurs n’ayant pas de diplôme formel, ou les ressources humaines.

Ce projet a permis de soulever plusieurs enjeux en lien avec la RAC, notamment au point de vue des définitions, a expliqué Haya Alsakka, conseillère en RAC dans cette université. Ainsi, il est difficile d’évaluer les compétences si on ne s’entend par sur ce que cela signifie. Il n’y a pas non plus de structure claire déterminant les étapes à suivre pour obtenir cette reconnaissance. « L’autre barrière, c’est le temps, alors que les professeurs ont peu de place dans leur horaire pour se pencher sur ces questions et évaluer les compétences. »

Idem pour les employés administratifs qui doivent vérifier les profils, contacter les coordonnateurs de programmes pour effectuer des vérifications, trouver les effectifs pour s’occuper des évaluations, etc. De plus, les politiques actuelles de l’université s’appliquent surtout aux apprentissages formels. « Nous sommes d’ailleurs en train d’élaborer une politique qui inclura aussi la reconnaissance des apprentissages formels et informels », a-t-elle précisé.

Des enjeux qui rejoignent les autres universités, a pour sa part rappelé Philippe Horth, adjoint au vice-rectorat à la formation et à la recherche, à l’Université du Québec à Rimouski, campus de Lévis, qui s’implique aussi au Bureau de coopération interuniversitaire (BCI). Selon lui, il reste encore beaucoup de sensibilisation à faire, notamment auprès des professeurs, qui sont souvent amenés à évaluer les compétences des élèves.

De plus, les élèves perçoivent souvent ce processus comme étant opaque, puisque les critères ne sont pas toujours clairs. L’opération s’avère aussi complexe dans un contexte de pénurie — et de roulement de personnel — puisque la formation des employés est toujours à recommencer. Et l’exercice s’avère encore plus compliqué quand il s’agit d’étudiants étrangers, a-t-il détaillé.

Définir clairement les termes, standardiser la méthode d’évaluation des acquis pour éviter les iniquités, s’assurer que cela ne varie pas d’un professeur et d’une université à l’autre et mettre en place des systèmes d’information et des bases de données font partie des pratiques gagnantes à ce chapitre, a poursuivi Philippe Horth. Selon lui, le fait que le gouvernement du Québec ait annoncé du financement pour la RAC extrascolaire pourrait aussi accélérer son déploiement dans les universités.

D’ailleurs, l’UQAR a travaillé de concert avec les universités du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) et en Outaouais et (UQO) pour développer un système intégré sur la RAC. À terme, les étudiants pourront connaître la progression de leur demande en temps réel, en plus d’avoir accès à plusieurs informations sur la reconnaissance de cours directement sur le web. À plus long terme, le tout sera même intégré directement au processus d’admission, alors que les étudiants des programmes techniques pourront savoir avec précision quels cours pourraient leur être reconnus, donne-t-il en exemple.