La collaboration avec d’autres institutions permet de miser sur la complémentarité, tout en augmentant l’agilité. Or, ce travail d’équipe comporte quelques obstacles. Enjeux et bonnes pratiques ont été soulevés lors de cet atelier.

Professeur à l’Université McGill et président des affaires académiques du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), Fabrice Labeau a dressé un portrait de la collaboration qui existe au sein de ce regroupement qui réunit les universités québécoises. Selon lui, s’il est relativement simple de s’entendre sur de grandes orientations communes, les choses se compliquent lorsqu’on se penche sur des objectifs spécifiques. « Seulement sur la question de la formation continue, certaines universités considèrent seulement le non crédité, d’autres uniquement le crédité et d’autres les deux. On voit donc que les intérêts sont assez différents par rapport à la structure organisationnelle. » Or, cette collaboration est possible, puisque plusieurs dossiers, comme la coordination des échanges étudiants, sont déjà gérés conjointement.

En matière d’agilité, si on exclut la formation continue, le milieu universitaire est plutôt lent à réagir, constate-t-il aussi. Or, dans le contexte actuel, le gouvernement discute avec les universités afin qu’elles prennent une plus large part pour diminuer la rareté de la main-d’œuvre, ce qui requiert une certaine flexibilité et rapidité de réaction. « Depuis deux ans, nous participons à une table de concertation avec le ministère du Travail et ce n’était jamais arrivé avant. À long terme, cela nous permettra, en tant qu’institutions, de mieux collaborer autour de cet objectif commun et d’offrir à la formation continue la place qui lui revient. »

Coordonnateur du Consortium interrégional savoirs, santé et services sociaux (InterS4 ) à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), France Charles Fleury, a quant à lui présenté ce service de courtage de connaissances lancé en 2010. « En région, nous vivons des problèmes communs, alors est-ce qu’on peut se mettre ensemble pour partager nos connaissances et nos bonnes pratiques, mutualiser nos efforts ? » C’était l’intention de départ de cette collaboration portée par l’UQAR, qui regroupe plusieurs CIUSSS et CISSS de différentes régions, ainsi que les universités du Québec en l’Abitibi-Témiscamingue (UQAT) et de Chicoutimi (UQAC).

« Nous avons réalisé qu’il était difficile, faute de temps, pour le personnel du réseau de la santé d’avoir accès aux meilleures pratiques, de s’assurer que celles-ci étaient vraiment valables et à jour », a-t-il rappelé. Ce consortium se concentre donc sur le partage de connaissances touchant l’organisation des services et le fait de vieillir en santé en région. Pour cela, InterS4 fait notamment le pont entre le savoir des chercheurs universitaires, à l’affût des tendances et des recherches les plus récentes, et le réseau de la santé.

Pour qu’un tel projet fonctionne, il faut s’assurer que les différents partenaires jouent un rôle actif dans la gouvernance, afin d’identifier les orientations stratégiques. De la même manière, les services proposés doivent se coller sur les besoins. « Mais surtout, il fallait un intérêt commun et des gens investis. C’était le cas, alors que les PDG des établissements étaient convaincus que les régions devaient unir leurs forces et qu’il fallait se rapprocher des milieux universitaires. » L’équipe s’est ensuite entendue sur les paramètres et les objectifs de cette cogestion. Les méthodes de gestion laissent place à une certaine souplesse, pour répondre rapidement aux besoins, ajoute-t-il.

Cela fait d’ailleurs partie des éléments essentiels pour une collaboration réussie, a souligné Christelle Lison, professeure au département de pédagogie de la Faculté d’éducation, à l’Université de Sherbrooke. « C’est notre intelligence collective qui va nous amener à la réussite », a-t-elle souligné. La professeure a pour sa part présenté I-mersion CP , un projet interétablissements et interordres. « Cette initiative vise la formation continue des conseillers pédagogiques des cégeps ainsi que des universités. Nous voulions créer une communauté, avec du codéveloppement et de la formation. »

La professeure a rappelé l’importance de l’équipe dans la réussite d’un tel projet qui implique des collaborateurs de différents établissements. « Pour cela, il faut s’engager dans une mission commune, se fixer des objectifs et être mutuellement responsables des résultats. » De plus, les rôles et responsabilités de chacun doivent être clairement définis, sans compter qu’il faut s’assurer que les membres de l’équipe ont les ressources pour réussir. « Le succès repose aussi sur les relations interpersonnelles et professionnelles », a-t-elle souligné. Bref, il faut se mettre à l’écoute de l’autre et s’engager dans une relation gagnant-gagnant.