Présentatrice de la conférence d’ouverture lors des prochaines journées d’étude de l’ACDEAULF, Diane-Gabrielle Tremblay s’intéresse de près à la formation continue. En plus d’enseigner à l’Université TÉLUQ – un établissement qui reçoit un fort pourcentage d’étudiants adultes, la chercheure se penche aussi sur la conciliation travail, famille, études. Pour vous donner un avant-goût de cette rencontre, nous nous sommes donc entretenus avec elle sur l’agilité, thème central de l’événement.
Pour Diane-Gabrielle Tremblay, les services de formation continue n’ont d’autres choix que de se montrer agiles et flexibles. « Aujourd’hui, dans la grande majorité des domaines, les personnes en emploi sont obligées de continuer à se former. On le voit non seulement en gestion, mais aussi en technologie de l’information ou encore en sciences de l’éducation, où les enseignants doivent se familiariser avec les nouvelles technologies, apprendre de nouvelles méthodes d’apprentissage. » Et, alors que les horaires sont de plus en plus éclatés, les seuls cours du soir ne peuvent suffire.
Avoir une certaine forme de souplesse dans les formats d’enseignement permet donc de ratisser plus large, estime-t-elle. Elle cite en exemple l’Université TÉLUQ qui offre des cours asynchrones et en ligne. « Je dirais que les deux tiers ou les trois-quarts de nos étudiants s’inscrivent dans un processus de formation continue. Et nous rejoignons aussi beaucoup de femmes. » Les étudiants peuvent aussi choisir leur vitesse de parcours, ajoute-t-elle.
Au-delà des formations créditées, il est aussi possible d’aller beaucoup plus loin en matière d’agilité, en éclatant les formats. Ainsi, en plus des développer des cours plus classiques, on parle de plus en plus de formule gigogne. « Cela veut dire qu’on peut développer un cours de trois crédits, puis une formation de plus courte durée, sans crédit permettant d’obtenir une attestation. C’est aussi possible d’en tirer une séance d’une demi-journée, en ligne ou pas, un webinaire, etc. » Une façon de rendre le contenu plus accessible.
La chercheure joue elle-même avec les formats pour s’assurer de rejoindre le plus grand nombre. Mandatée par le ministère de l’Enseignement supérieur pour répertorier les différentes mesures mises en place pour aider les étudiants à concilier études, travail et parfois famille dans les cégeps et les universités, Diane-Gabrielle Tremblay a décidé d’aller plus loin que de livrer un simple rapport. « L’objectif, c’était vraiment de sensibiliser les acteurs de l’éducation supérieure. Donc, j’ai mis en ligne deux CLOM, ces cours en ligne gratuits, ouverts à tous et non crédités, portant sur la conciliation travail, études, famille et un autre sur la conciliation emploi, famille. Ça ajoute beaucoup en termes d’agilité, de flexibilité, si on veut former des gens sur des sujets bien précis de manière rapide. »
Pour compléter le tout, Diane-Gabrielle Tremblay a aussi mis en ligne trois balados présentant les difficultés, les solutions et les leviers disponibles en conciliation. Le fruit de ce travail, tout comme le rapport, est d’ailleurs disponible sur la page cfte.teluq.ca. « Cela permet donc d’avoir une formation qui n’est pas formelle, avec des crédits, mais qui est beaucoup plus souple justement. Les gens la font quand ils veulent, comme ils veulent et ils peuvent lire tout le contenu, ou juste les parties qui les intéresse. »
En plus de démocratiser l’accès au savoir, cette façon d’éclater les outils pédagogiques permet aussi de répondre aux besoins de tous, même pour les personnes qui vivent avec un handicap comme la surdité ou qu’elles soient neurodivergentes. La technologie permet donc de rendre le contenu plus accessible. « Le simple fait d’être souple sur la durée des parcours permet aux gens de prendre plus de temps, ou d’aller plus rapidement, selon leurs besoins », donne-t-elle en exemple.
Bref, s’il s’agit d’un défi certain, c’est un net avantage pour démocratiser l’accès au savoir. Un incontournable dans le monde d’aujourd’hui.
Les journées d’étude de l’ACDEAULF auront lieu les 25 et 26 mai 2023
à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP), située au 4750 avenue Henri-Julien à Montréal.