« Nous traversons actuellement une période de turbulences. Et, si vous pensez que le marché du travail a évolué rapidement, vous n’avez encore rien vu », a souligné d’entrée de jeu André Raymond, directeur du Service du développement professionnel de l’Université Laval et président de l’ACDEAULF lors de la douzième édition des Journées d’étude de l’ACDEAULF qui se sont tenues les 25 et 26 mai derniers à l’École nationale d’administration publique (ENAP) de Montréal. « Plusieurs phénomènes viennent bousculer le monde du travail, comme les changements climatiques ou l’intelligence artificielle. La clé pour traverser ces bouleversements, c’est l’éducation. Nous avons l’expertise, chez nos professeurs, dans nos classes, pour mieux comprendre ces phénomènes. C’est donc le rôle de la formation continue de transmettre ces savoirs », a-t-il poursuivi.
Pour mieux répondre à ces besoins changeants, il faut faire montre d’agilité, a rappelé pour sa part Jean-François Gascon, directeur de la Direction des services-conseils (DISC) de l’ENAP. « C’est d’autant plus vrai que les apprenants d’aujourd’hui réclament une certaine flexibilité, tant au niveau du lieu d’enseignement, de la forme, mais aussi de la durée. » C’est donc sur cette question qu’ont été amenés à réfléchir les quelque 70 participants réunis pour l’occasion.
Le concept de l’agilité a été emprunté au domaine de la création de logiciels, a rappelé Daniel Baril, directeur général Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA) plus tard dans la journée. « Ce faisant, ils ont voulu casser le moule et ne plus attendre que leur logiciel soit parfait avant de le lancer. Chaque fois qu’une fonctionnalité est prête, ils l’intègrent, la mettent en ligne et demandent à leur client de la tester. Finalement, c’est un peu comme construire un avion en vol. » Ce qui a mené, en 2001, à la publication du manifeste de l’agilité . Depuis, cette approche de la sphère de la programmation et a influencé plusieurs domaines, y compris celui de l’éducation.
C’est le cas à l’université TELUQ, où l’agilité, la souplesse et la flexibilité font partie de l’ADN de cet établissement, a rappelé Diane-Gabrielle Tremblay , professeure à l’école des sciences de l’administration. « Dans le marché du travail actuel, les travailleurs ont besoin de continuer de se former. Il faut donc développer davantage de formules, par exemple avec des durées variables, pour rejoindre le plus grand nombre. » Or, cette flexibilité vient avec certains défis, notamment au niveau du budget, alors que le financement des universités n’est pas toujours au rendez-vous, ajoute-t-elle. Cela engendre aussi parfois une résistance au changement. « Il est toutefois intéressant de revoir nos modèles en matière de pédagogie en ligne pour amener les étudiants à être actifs et à s’engager avec la matière. »
Conseiller en pédagogie universitaire et technopédagogue au service du développement professionnel de l’Université Laval, Benoit Ringuette a quant à lui rappelé que, dans cette université, le service de placement pour les étudiants, la direction de la formation continue et l’université du troisième âge ont été fusionnés afin d’offrir une formation continue sur un continuum allant des études jusqu’à la retraite.
Il a aussi présenté le processus de conception que lui et son équipe ont mis en place pour assurer l’agilité dans la mise en place de projets de formation continue. En actualisant cet outil, son équipe a impliqué toutes les parties prenantes. Aujourd’hui, ce processus permet à chaque participant de savoir quels sont ses responsabilités, ses livrables, ses échéanciers, etc. « Cela nous permet non seulement de répondre plus rapidement et de façon plus flexible aux demandes, mais apporte plusieurs bénéfices », a constaté Benoit Ringuette. Tout compte fait, cet outil de gestion a influencé positivement le climat de travail, a permis de responsabiliser chaque acteur et favorise la collaboration. Ce qui augmente non seulement la qualité des projets, mais aussi l’efficacité des équipes, a-t-il fait valoir.