Entrevue avec Cathia Papi, Professeure au département d’éducation de l’Université TÉLUQ
Récipiendaire du Prix d’excellence ACDEAULF 2021 pour le programme « J’enseigne à distance »
Proposer un parcours d’apprentissage en ligne sur la formation à distance adaptée à chaque niveau d’enseignement, dont les premiers modules ont été mis en ligne en deux semaines seulement ? C’est le défi qu’a relevé Cathia Papi, son équipe de l’Université TÉLUQ et leurs partenaires avec le projet « J’enseigne à distance ». Un coup de maître qui avait permis, au début du mois d’octobre dernier, de rejoindre plus de 225 000 personnes dans 181 pays du monde.
« Nous avons reçu un appel du ministère de l’Éducation et à peine deux semaines plus tard, les premiers modules étaient en ligne », se rappelle la professeure et chargée de projet Cathia Papi. Unique en son genre, le programme « J’enseigne à distance » propose un parcours d’apprentissage en ligne pour les enseignants de niveaux préscolaire et primaire, secondaire ainsi que collégial et universitaire.
Premier défi ? Trouver des experts, en plein confinement, pour compléter l’équipe de chercheurs de la TÉLUQ, déjà ferrée dans la pédagogie à distance, raconte la professeure. « En plus de mobiliser notre équipe interne, nous avons aussi dû trouver les personnes les mieux placées pour nous aider à rendre cela plus concret, à développer des choses pratiques pour les différents ordres d’enseignement. »
Ainsi, chaque fois qu’un module était bouclé pour les cycles supérieurs, il était envoyé à une équipe de travail qui adaptait le tout selon leur ordre d’enseignement, raconte-t-elle. L’Université TÉLUQ a donc mobilisé une cinquantaine d’experts provenant de différentes organisations, comme des cégeps, des universités, des enseignants ou des centres de services scolaires pour développer ce contenu unique en son genre. « Le fait d’avoir formé différentes petites équipes nous a permis de livrer plus rapidement », explique-t-elle. Un travail qui a d’ailleurs été couronné du Prix d’excellence de l’ACDEAULF en 2021.
Prioriser les contenus
C’était tout un défi de créer ce parcours d’apprentissage dans un laps de temps aussi court, alors que la mise en ligne des capsules s’est échelonnée entre le début du mois de mai et le mois de juillet, ajoute Cathia Papi. Pour plus d’efficacité, l’équipe a donc décidé de mettre en ligne le contenu au fur et à mesure qu’il était prêt, en ciblant les besoins les plus urgents. « Normalement, on commence par la conception pédagogique. Mais on se retrouvait dans une situation où les enseignants étaient déjà en ligne avec leurs étudiants. Ils arrivaient à diffuser leur contenu, mais avaient du mal à garder le lien avec leurs étudiants. On a donc décidé de commencer par cela. »
Plusieurs éléments ont été mis de l’avant pour aider les enseignants à créer un lien personnalisé avec leurs élèves, que ce soit à l’aide d’activités brise-glace, d’appels personnalisés ou de messages privés. Dans le contexte, il fallait aussi soutenir les élèves sur différents plans, notamment au niveau psychoaffectif, ajoute la professeure. Les capsules abordaient donc ces notions, en plus d’offrir des idées pratiques pour susciter la collaboration entre les élèves.
Tout ce qui concerne l’évaluation des contenus a été diffusé plutôt vers la fin, bouclant la boucle. Le contenu apportait une réflexion sur les différentes façons de vérifier si les élèves maîtrisaient les apprentissages, au-delà des évaluations plus formelles. « Ce sont des outils qui pourront alimenter la réflexion des enseignants, qu’ils soient à distance ou non », pense Cathia Papi.
Des retombées intéressantes
La professeure ne s’attendait pas à un tel engouement, alors que les différents contenus accessibles à tous et gratuitement ont été visionnés par plus de 225 000 personnes provenant de partout sur la planète. « Cela montre qu’il y avait vraiment un grand besoin à cet égard et que le gouvernement du Québec a réagi beaucoup plus rapidement que d’autres pays. » La rapidité avec laquelle les experts ont répondu présents montre aussi leur volonté de donner un coup de pouce aux enseignants et aux élèves devant cette situation exceptionnelle.
En plus d’avoir bénéficié d’un fort rayonnement, l’Université TÉLUQ a aussi pu resserrer les liens avec ses différents partenaires. Selon Cathia Papi, on sentait la volonté réelle d’aider enseignants et élèves à passer au travers cette période trouble. Sans compter que, toute cette réflexion permet aussi aux enseignants d’enrichir leurs façons de faire, peu importe qu’ils se retrouvent derrière leur écran ou devant leur classe.