| INFOLETTRE – Juin 2023, No. 69 |
L’infolettre de l’ACDEAULF vous offre un tour d’horizon de l’actualité francophone dans le secteur de la formation continue de niveau universitaire, sur la scène canadienne et internationale. Bonne lecture ! |
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| JOURNÉES D'ÉTUDE DE L'ACDEAULF 2023 |
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De gauche à droite: Jean-François Gascon, directeur de la directrion des services conseils (DISC) de l'ENAP, Mélanie Tremblay, coordonnatrice équipe Andragogie numérique et innovation, ENAP, et Donrock Pierre Alexis, analyste de recherche Andragogie numérique et innovation, ENAP |
| | « Comment rendre la formation continue universitaire plus agile? »
« Nous traversons actuellement une période de turbulences. Et, si vous pensez que le marché du travail a évolué rapidement, vous n’avez encore rien vu », a souligné d’entrée de jeu André Raymond, directeur du Service du développement professionnel de l’Université Laval et président de l’ACDEAULF lors de la douzième édition des Journées d’étude de l’ACDEAULF qui se sont tenues les 25 et 26 mai derniers à l’École nationale d’administration publique (ENAP) de Montréal. « Plusieurs phénomènes viennent bousculer le monde du travail, comme les changements climatiques ou l’intelligence artificielle. La clé pour traverser ces bouleversements, c’est l’éducation. Nous avons l’expertise, chez nos professeurs, dans nos classes, pour mieux comprendre ces phénomènes. C’est donc le rôle de la formation continue de transmettre ces savoirs », a-t-il poursuivi.
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Pour mieux répondre à ces besoins changeants, il faut faire montre d’agilité, a rappelé pour sa part Jean-François Gascon, directeur de la Direction des services-conseils (DISC) de l’ENAP. « C’est d’autant plus vrai que les apprenants d’aujourd’hui réclament une certaine flexibilité, tant au niveau du lieu d’enseignement, de la forme, mais aussi de la durée. » C’est donc sur cette question qu’ont été amenés à réfléchir les quelque 70 participants réunis pour l’occasion. |
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 | La granularisation des formations en compétences |
« La vie est une série d’écrans et un monde de distraction », note Édouard Rotondo, président de Studio 7 Communications. En effet, entre le cellulaire, la tablette, l’ordinateur et la montre intelligente, l’attention des travailleurs est constamment sollicitée. Or, la granularisation des compétences, c’est-à-dire le fait de découper l’apprentissage en petits contenus, pourrait bien faire partie des solutions pour capter l’attention des apprenants et leur offrir un mode de livraison adapté à leurs besoins.
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C’est du moins ce qui est ressorti de l’atelier portant sur ce sujet, animé par trois panélistes. « Les cerveaux sont surstimulés et recherchent la distraction. Par exemple, le fait de se connecter aux médias sociaux stimule la dopamine et le cerveau en redemande ! Si bien que cela a un impact sur la formation, puisque cela affecte notre capacité de concentration. Il faut donc repenser notre stratégie et innover pour capter et conserver cette attention », a expliqué le président de cette firme qui produit autour de 500 formations en ligne et sur mesure par année.
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La granularisation figure parmi les solutions pour répondre aux besoins de formation des travailleurs dont le temps est compté, en plus de dynamiser l’apprentissage, a souligné Mélanie Tremblay, coordonnatrice de l’équipe andragogie numérique et innovation à École nationale d’administration publique de Montréal (ENAP). « Il s’agit d’un outil qui vient en appui à la formation et qui s’utilise pour encoder une notion précise, rappeler un contenu ou consolider un apprentissage. Ce contenu est composé de granules pédagogiques, de petites unités d’apprentissage. Certains parlent même de contenus très courts, autour de 5 à 6 minutes », a-t-elle expliqué. Chaque tranche doit être présentée de façon judicieuse, sans découper le tout en trop petites unités. « C’est un défi de conserver le sens », a-t-elle ajouté. |
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De gauche à droite : Daniel Baril, directeur général – ICÉA, Biba Fakhouri, vice-doyenne à l’innovation, aux communications et à la formation continue, Université de Montréal, et Julien Lambrey de Souza, directeur du Service de la formation continue et de la formation hors campus, UQAR |
| L’écosystème de la formation continue
Huit ministères et organismes gouvernementaux. 46 ordres professionnels. Six centrales syndicales. 18 universités. 48 cégeps. 61 centres de services scolaires. Des centaines d’acteurs des secteurs économiques, communautaires, du travail… L’écosystème de la formation continue est extrêmement complexe, si bien qu’il est difficile d’en avoir une vue d’ensemble.
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« Si les différents intervenants autour de la formation continue connaissent mal le milieu où ils interviennent, ne se connaissent pas, imaginez ce qu’il en est pour un individu, une organisation, qui doit naviguer à travers ce système », a expliqué Julien Lambrey de Souza, directeur du Service de la formation continue et de la formation hors campus de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Cette méconnaissance engendre aussi une certaine concurrence entre les acteurs.
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Pour l’occasion, le directeur a présenté les résultats préliminaires d’une étude menée par la Commission des partenaires du marché du travail du Québec (CMPT) qui sera officiellement publiée en octobre prochain. Un travail sur lequel a participé activement l’ACDEAULF, tout comme le Bureau de coordination interuniversitaire (BCI). Un bon point de départ, qui permet d’avoir une idée de la complexité de cet écosystème, note-t-il. |
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 | La reconnaissance des acquis et des compétences
La reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) s’avère un outil précieux pour augmenter l’agilité et rendre la formation plus accessible. Si l’utilisation de ce processus à l’échelle universitaire soulève quelques enjeux, plusieurs avancés sont à surveiller, ont expliqué les participants à cet atelier animé par Rachel Bélisle, professeure associée à la faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke.
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« 61 % des Autochtones ne terminent jamais leurs études secondaires », a souligné Carmen Sicilia, directrice des relations avec les Autochtones de l’Université McGill. Et rares sont les personnes noires qui se rendent jusqu’aux études supérieures, a-t-elle aussi rappelé. La reconnaissance des acquis fait partie des outils pour éliminer ces barrières, alors que cette institution s’est engagée à augmenter le nombre de personnes noires et autochtones en ses rangs en 2017, puis en 2020.
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L’université a donc lancé un projet-pilote qui a permis de dresser un état des lieux de la RAC non seulement au Québec, mais aussi dans le reste du pays et à l’international. L’équipe a aussi répertorié les logiciels ainsi que les passerelles existantes. Trois programmes ont été ensuite utilisés comme exemple pour ce premier test dans des domaines comme l’administration publique, où on retrouve plusieurs Autochtones, l’informatique, secteur qui compte plusieurs travailleurs n’ayant pas de diplôme formel, ou les ressources humaines. |
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 | Rendre la formation continue universitaire plus inclusive et diversifiée
Au Canada, une personne sur cinq vit avec un handicap. Et 70 % d’entre elles doivent composer avec un handicap invisible, a rappelé Jian Wang, directrice adjointe du Centre de recherche pour l’inclusion des personnes en situation de handicap (CRISPESH). D’où l’importance de rendre plus inclusive la formation, un angle à ne pas négliger.
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S’assurer que les textes soient simples, penser aux sous-titres, proposer une diversité d’activités d’apprentissage, miser sur le langage inclusif, vérifier que les formations en ligne soient accessibles aux logiciels pour personnes malvoyantes : il existe différentes façons d’adapter les contenus pour répondre aux spécificités de tous, tout en reflétant la diversité des réalités.
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Or, surtout dans des formations en ligne et asynchrones, appliquer les principes de la conception universelle de l’apprentissage et de l’inclusion ne s’improvise pas, a rappelé Mylène Bourassa, conseillère en formation à l’Université Laval. « C’est important d’y réfléchir dès la première étape, car si on part dans la mauvaise direction, il est ensuite difficile de revenir en arrière. » Selon elle, il faut prévoir jusqu’à 15 % de plus de temps pour penser accessibilité, parfois plus lors des premiers essais. |
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 | La collaboration interuniversitaire
La collaboration avec d’autres institutions permet de miser sur la complémentarité, tout en augmentant l’agilité. Or, ce travail d’équipe comporte quelques obstacles. Enjeux et bonnes pratiques ont été soulevés lors de cet atelier.
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Professeur à l’Université McGill et président des affaires académiques du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), Fabrice Labeau a dressé un portrait de la collaboration qui existe au sein de ce regroupement qui réunit les universités québécoises. Selon lui, s’il est relativement simple de s’entendre sur de grandes orientations communes, les choses se compliquent lorsqu’on se penche sur des objectifs spécifiques. « Seulement sur la question de la formation continue, certaines universités considèrent seulement le non crédité, d’autres uniquement le crédité et d’autres les deux. On voit donc que les intérêts sont assez différents par rapport à la structure organisationnelle. » Or, cette collaboration est possible, puisque plusieurs dossiers, comme la coordination des échanges étudiants, sont déjà gérés conjointement.
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En matière d’agilité, si on exclut la formation continue, le milieu universitaire est plutôt lent à réagir, constate-t-il aussi. Or, dans le contexte actuel, le gouvernement discute avec les universités afin qu’elles prennent une plus large part pour diminuer la rareté de la main-d’œuvre, ce qui requiert une certaine flexibilité et rapidité de réaction. « Depuis deux ans, nous participons à une table de concertation avec le ministère du Travail et ce n’était jamais arrivé avant. À long terme, cela nous permettra, en tant qu’institutions, de mieux collaborer autour de cet objectif commun et d’offrir à la formation continue la place qui lui revient. » |
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